Contribution citoyenne

Publié le par assoc elementerre

Sept Questions posées à

Monsieur Henri Kienlen,

Commissaire enquêteur,

concernant le projet

d'extension-restructuration

 d'un élevage porcin de

 l’EARL de Bréhardec à Questembert

 

 

1- Autosuffisance alimentaire

Pourquoi fortifier la filière du porc à Questembert, zone qui n’est plus en  ZES depuis août 2009, quand la France et l’Europe sont autosuffisantes en production porcine ?

 

Un rapport sur le porc breton (Bretagne Porc bretons 07-Jan-2008) montre que la croissance de la production porcine est plus rapide en France qu'en  Espagne, ou qu'au Danemark, ou qu'en Pologne, ou qu'aux Pays Bas.

Le même rapport nous indique aussi que  ces pays sont tous autosuffisants en terme de consommation porcine : à 103% (F);  à 118% (E); 609% (DK); à  121% (PL) et à 196% (NL). La production porcine de l’Europe est aussi autosuffisante à  108,5 % soit une production excédentaire de 1 750 000 tonnes.

 

2- Pollution des eaux

Est-il souhaitable d’augmenter la production porcine à Questembert quand les revenus de la communauté de communes et de ses habitants dépendent de plus en plus de l’activité touristique et donc de plages saines sans algues vertes ?

   

La population humaine vivant en Bretagne (environ 3 millions d'habitants) produit annuellement environ 1500 tonnes de phosphore. Moins de 2/3 est d'origine métabolique (évacués dans les excréments) et un peu plus de 1/3 est d'origine lessivielle (issu de l'utilisation des lessives). Le cheptel animal élevé en Bretagne produit quant à lui environ 62 000 tonnes de phosphore soit l'équivalent de la production d'une population humaine comprise entre 40 et 45 millions d'habitants. On estime que dans une région d'élevage comme la Bretagne, plus de 70% du phosphore qui circule dans le réseau hydrographique est d'origine agricole et moins d’un tiers d'origine humaine.

De plus les apports azotés des bassins versants bretons se faisant majoritairement sous forme de nitrate issu du lessivage des terres agricoles, on peut donc considérer que le nitrate d’origine agricole est l'élément nutritif qui contrôle l’intensité des marées vertes de Bretagne. (Alguesvertes-CommuniqueFINALduCSEB_24-09-09)

L’extension de l’élevage porcin de l’EARL de Bréhardec à Questembert se trouve sur un bassin versant de la Vilaine qui se déverse avant le barrage d’Arzal ce qui conduit mécaniquement à un accroissement du coût de l'assainissement des eaux puisque c'est cette eau qui est vendue et distribuée à la population.

Des épandages sont aussi  prévus sur la commune de Muzillac, dans ce cas le lavage des terres agricoles se déverse directement en mer dans la baie de la Vilaine...

 

3- Elevages hors-sol et pollution des sols

D’un point de vue  environnemental (pollution), ne serait-il pas souhaitable d’aider de préférence des élevages dont la majorité de l’alimentation proviendrait de la terre sur lequel des porcs seraient élevés ?

 

L’élevage porcin hors-sol « oublie » que l’animal est nécessairement lié au sol. En « oubliant » ce principe de base élémentaire, on détruit l’équilibre du milieu.

Il est impossible de concentrer impunément des milliers d’animaux dans des lieux donnés réduits qui ne peuvent pas produire le principal de l’alimentation des porcs.  Ce principe est source de contamination des sols et finit par stériliser et tuer les sols, par des excès d’azote, de zinc, de cuivre, phosphore…, par des antibiotiques et par des OGM. Cela reste vrai même si les épandages se font sur des terres qui servent à l’alimentation de vache laitières.

 

4- Sécurité alimentaire (antibiotique, phosphore, nitrates,…)

Quelles sont les normes d’alimentation choisies ? Connait-on  la composition exacte des produits alimentaires utilisés par l’EARL de Bréhardec pour l’alimentation de ses porcs ?

 

La quantité de lactosérum est souvent trop importante pour maintenir les animaux en bonne santé. 15 à 20%  maximum seraient à retenir, soit 3 à 4 litres/jour/animal, au lieu de 10 à 12 litres. Cette dernière quantité excessive engendre des désordres intestinaux chroniques : diarrhées continuelles qui « obligeraient » le système sur caillebotis.

Le reste, soit environ 80% consiste en : aliment sec – aliment complémentaire et complet – aliment supplémenté du commerce. Nous savons que ces aliments contiennent un mélange d’ingrédients, venus d’ailleurs, dont des antibiotiques systématiques, des OGM, du cuivre, du zinc… Nous savons aussi que les céréales, les légumineuses, venues d’ailleurs, avec ou sans OGM, sont produites avec force engrais chimiques (à défaut des déjections restées ici) et pesticides de synthèse.

Nous ne souhaitons vraiment  pas que la communauté de communes de Questembert soit associée à la production de viandes industrielles, charcuteries, contenant, notamment, des OGM, des antibiotiques systématiques, des tranquillisants, des vitamines chimiques de synthèse…

 


5- Bien être des animaux

  Quelles sont les normes du contrôle à long terme du "bien-être" de l'élevage intensif que propose l'EARL de Bréhardec?

 

La moyenne du « bien-être » des porcs d'un élevage intensif peut être résumé actuellement par les données suivantes : 0.65 M2 de surface par porc jusqu’à 105 KG ; castration des mâles; queue et dents coupées des porcelets, (pour minimiser les combats dus aux conditions de captivité et éviter les infections, car l’animal, à défaut de fouiner dans sa litière, fouine dans la queue de son voisin) ; administration d’antibiotiques et tranquillisants ; sol à claire-voie qui blesse les pattes (boiteries, déformations, névroses) ; respiration d'un air surchargé d’ammoniac ; immobilité forcée ;entassement ; truies sanglées ou bloquées…

Avec 2 250 places sur 2404 m², l’EARL de Bréhardec propose un élevage « propre » et moderne. Propose-t-il de meilleures conditions que les normes actuelles, anticipe-t-il sur les normes européennes de 2013 ?  Peut-on avoir un tableau comparatif des conditions de « bien-être » proposées ?

 

6- Coûts communaux

Quels sont les coûts indirects induits qui seront supportés par la commune ou la communauté de commune de Questembert ?

 

Quel sera le coût de l’aménagement et de l’entretien du réseau routier pour assurer le transport des bêtes et des carcasses, l’approvisionnement en aliment de l’élevage et le transport du lisier vers les zones d’épandage ou d’exportation ?

L’EARL de Bréhardec indique que la production de la nouvelle « extension-restructuration » pourrait permettre d’alimenter en viande de porc une ville de 80 000 habitants (Conseil municipal du 26/10/09). Il est peu probable que cette production puisse être écoulée localement. Quelle est alors l'estimation faite par  l’EARL de Bréhardec de la production de dioxyde de carbone que nécessitera l'acheminement de sa viande vers les 80 000 consommateurs potentiels ?

Quels seront les coûts en eau et en assainissement des eaux ?

Quels seront les coûts communaux de protection de la population humaine en cas de grippe porcine déclarée dans l’élevage ?


 

7- Emplois directs et emplois induits sur le territoire de la commune

Quels sont les emplois directs que l’extension de l’EARL de Bréhardec produira sur la commune ?

Combien d’emplois induits apportera cette extension, à la communauté de communes de Questembert ?

 

Pour 488 truies en élevage industriel, l’EARL de Bréhardec propose un emploi supplémentaire, alors que de nombreux rapports indiquent que 100 truies élevées en « bio » induisent au moins trois emplois.

Est-ce que l’extension-restructuration d’un élevage industriel dans une région (Europe) autosuffisante en  consommation de viande porcine, est  un choix économique souhaitable pour Questembert ?

 

La Communauté de communes peut espérer qu’un investissement de 1 650 000 euros, financé par un emprunt, bénéficiera à  la création d’emplois locaux.

Avec un emprunt de cet ordre, est-ce qu’une  chute du prix du porc industriel ne risque pas de produire encore une faillite et par conséquence un accroissement du chômage lorsque la «bulle de l'élevage industriel de porc» éclatera ?

 

Je crois que les réponses à ces sept questions  conduisent à refuser l'extension-restructuration de l'élevage industriel et intensif de porcs que propose l'EARL de Bréhardec.

Dans le cas d'une approbation de Monsieur le Préfet, je souhaiterais connaître les réponses  à ces sept questions, justifiant l'approbation du projet.



Etienne Dervieux

Moulin Glô

56230 Questembert

rdstudio@rdstudio.com

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