Lettre ouverte aux élus du Conseil Municipal de Questembert. Le projet d’extension d’une porcherie à Questembert fait débat !

Lettre ouverte à nos élus du Conseil  Municipal de Questembert

 

Le projet d'extension - restructuration d'un élevage de porcs déposé par l' EARL de Bréhardec - installation "classée" en raison des risques potentiels qu'elle comporte - a fait l'objet d'une enquête publique et  donné lieu à  une délibération du Conseil Municipal de Questembert le lundi 26 Octobre.

S'il y a enquête publique, c'est qu'il doit y avoir un véritable débat public

Un débat contradictoire a certes eu lieu lors de ce conseil, mais :

- au regard des engagements que vous avez pris les uns et les autres - au moment des élections municipales - de promouvoir un développement durable et solidaire,

- au regard des risques sociaux, environnementaux, sanitaires, économiques que le projet  soumis à enquête publique fait courir  et qu'à nos yeux  vous sous-estimez…

… les citoyens que nous sommes et qui vous ont élus sont très surpris et fortement déçus par l'avis favorable que 20 sur 29 d'entre vous ont émis, et par les arguments qui ont étayé cet avis.

 

Les arguments que vous mettez en avant :

L'importance de l'activité agricole dans le tissu économique et l'emploi ;

Le besoin d'azote pour fertiliser le sol ;

Le courage des porteurs du projet d'investir 350 000€ pour un traitement "high-tech" du lisier ;

La qualité impressionnante du projet y compris sous l'angle écologique ;

Le fait que les "agriculteurs" seraient toujours montrés du doigt…

méritent naturellement discussion !

 

 

Vous n'ignorez pas :

 

▪ que la production porcine - française et européenne - est excédentaire ( 103% pour la France, 108% pour l'Europe, qu'elle connaît chroniquement une crise de surproduction  et donc un passage des prix 'achat en dessous des prix de revient ;

▪ que la Bretagne (6% du territoire) ne peut continuer - durablement - à produire 60% des porcs français ;

▪ qu’à Questembert nous en sommes à une production de plus de 30 000 porcs/an ;

▪ que la production d'azote d'origine organique porcine a augmenté de 4% de 2000 à 2006 ;

▪ que la concentration des élevages est incohérente avec un véritable aménagement du territoire ( le nombre d'exploitants agricoles a diminué de 60% en Morbihan de 1988 à 2007, et en 2009,   face au départ annoncé de 76 exploitants, 449 projets d'installation sont en attente…) ;

▪ que première région française en volume, la Bretagne est la 20° pour la valeur ajoutée dans cette filière ;

▪ que la création de valeur ajoutée et d'emploi dans cette filière est possible et compatible avec une réduction des volumes et des nuisances ;

▪ que l'élevage des animaux ne peut se poursuivre  sans le maintien  ou le retour du lien au sol garant de la fertilité des sols, des produits, de la biodiversité et de la santé publique…

▪ qu'élever des porcs sur caillebotis en béton et produire surabondamment du lisier et des gaz d'ammoniac , ce n'est pas la  même chose que les élever sur paille et produire du compost qui apportera au sol l’humus nécessaire au maintien d’une structure équilibrée …ce que les engrais minéraux ne font pas ;

▪ que les conséquences environnementales sur le sol, l'eau des rivières, l’air, la mer ne sont plus à démontrer ;

▪ que le choix de ne pas produire sur l’exploitation les protéines végétales mais de les importer (produits "Sanders"), se fait aux dépens de l'agriculture vivrière du Brésil ou de l'Argentine

( importation de soja souvent génétiquement modifié) ;

▪ que les additifs alimentaires censés préserver les animaux du stress et de l'agressivité liés à leur confinement (0,65 m2 par animal) et aux émanations d'ammoniac ….échappent largement aux contrôles ;

▪ que les élevages industriels constituent des foyers idéaux du développement d'un nouveau cocktail génétique de plusieurs souches de virus de grippe ( porcine, aviaire, humaine)… ;

▪ que la plainte des agriculteurs d'être toujours montrés du doigt, d'être pris pour des boucs émissaires n'est pas fondée. Nous sommes tous - comme vous - agriculteurs, ou frères ou sœurs, ou fils ou  filles ou amis d'agriculteurs….Nous nous gardons d'attaquer des personnes,  et les agriculteurs ne constituent pas un corps social homogène. Nous contestons certains choix  de techniques de production au nom d'autres choix , car ces choix existent…Et nous affirmons qu'il  n'y a pas de fatalité, pas d'obligation de perpétuer tel  ou tel système de production s'il est avéré qu'il fait  courir inutilement des risques  à la majorité de la population et à notre territoire pour  satisfaire les convictions ou les intérêts de quelques producteurs ;

▪ que nous ne pouvons qu’être circonspects à l'égard des félicitations adressées à un porteur de projet  sous prétexte qu'il a le courage de financer - seul - une technique de traitement du lisier "high-tech"   à un  coût d'acquisition ( 350 0000 €)  et de fonctionnement (notamment énergétique) exorbitants .

 

Pour toutes ces raisons,

et parce que les pollutions d'origine agricole ( nitrates et phosphore dans le réseau hydrographique et les nappes phréatiques )sont  responsables de la dégradation de la qualité de l'eau et de l’envahissement par les algues vertes, 

parce que la concentration des élevages sur le sol breton et le mode de production  en hors-sol  entraînent des risques et nuisances non maîtrisés, coûteux et contraires à l'intérêt général,

parce que les plans successifs ( PMPOA) dont l'insuffisance est dénoncée par divers rapports nationaux et européens, bien qu'ils aient déjà coûté plus d'1 milliard d' € d'aides publiques depuis 1991,… ont largement échoué, que les problèmes de pollution demeurent, et que la France est menacée de sanctions fortes par l'UE…

nous aurions souhaité un avis prenant plus précisément en compte l’intérêt général, et peut-être une adresse au porteur de projet disant nettement : « non , vous ne pouvez pas continuer à produire comme cela….il y des solutions alternatives et nous sommes prêts à vous accompagner pour les identifier et les mettre en œuvre  ». 

Le préfet de région Claude  GUEANT n’a-t-il pas signé en 2003 avec les grandes organisations agricoles, les syndicats les associations de consommateurs un plan d'action allant dans le sens d'une réorientation de la production agricole bretonne, d'une réduction des volumes avec compensation financière et développement de la valeur ajoutée par l'emploi de proximité. Pourquoi ne pas appliquer ce plan ?

 

 

 

Les associations et syndicats signataires:

Elémenterre, La Marmite, la Confédération Paysanne , le Sillon des Echanges

 

 

 

►►► Les contributions que nous avons déposées dans le cadre de l'enquête publique auprès du commissaire enquêteur ainsi que cette lettre ouverte sont accessibles sur le site de l'association Elémenterre : http://elementerre.questembert.over-blog.com

 

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